Je ne plaisantais pas, l’autre jour, quand j’ai dit à Lindsey que si elle ne peut pas encore profiter de la librairie Tschann, juste à côté de Reid Hall, elle devrait aller à Tschann Jeunesse. A la fois simples et profonds, les bons livres d’images pour enfants sont de véritables oeuvres d’art.
Je me souviens parfaitement de ceux qui faisaient partie de ma première collection littéraire: Alice and Greta, Bread and Jam for Frances, How to Make an Apple Pie and See the World, I Need A Lunchbox, Madlenka, The Maggie B…
J'ai toujours aimé les livres pour enfants, et je ne suis jamais devenue trop vieille pour eux. Avant d'aller à l’université, une amie m’a offert l’édition pop-up de Le Petit Prince; Yoko et Sayonara, Mrs. Kackleman m’ont accompagnés à New York. J’ai offert The Lonely Doll à ma coloc pour son vingtième anniversaire.
Alors, la bibliothèque idéale dont j’ai parlé la semaine dernière? En ce qui me concerne, les livres d’image en font incontestablement partie. Oui, parfois je les achète pour moi-même, et oui, maintenant Un Prince à la Pâtisserie compte parmi mes livres. C'est un livre accordéon, un véritable objet—on peut le détacher de sa couverture, le plier, le déplier. Les dessins sont étranges, avec de minuscules détails. Et sa philosophie résonne toujours en moi, une pensée qui me revient souvent :
« Tu sais, Eglantine, » dit le prince mélancolique, « le bonheur, c’est quelque chose qui nous tombe du ciel. Qui est là sans qu’on y fasse attention. Sans même qu’on s’en aperçoive. Tu es en train de savourer un beignet délicieux, ou bien un succulent millefeuille, dans la plus noble compagnie qui soit, et tu n’as même pas conscience qu’il ne peut plus rien t’arriver de mieux. Du moins aujourd’hui. »
Même si je lis des livres pour enfants, je ne pense plus ni n'éprouve plus les mêmes émotions qu'eux. Un enthousiasme qui m’empêcherait de dormir, cela ne m’arrive plus; le bonheur est moins évident. Est-ce que cela veut dire qu’il devient moins intense avec l’âge? Je préférerais penser qu’on y devient simplement moins sensible. Ainsi il me suffirait "juste" d'apprendre à nouveau à le ressentir/reconnaître.
Texte et dessin, Lacey Minot, Barnard College